jeudi 1 mai 2008

Coiffeur


Hier, j'ai franchi une étape importante dans mon processus d'intégration aux Etats-Unis: je suis allée chez le coiffeur. Je suis allée chez Jean-Louis David - il y en a plusieurs implantés à New York - espérant naïvement y établir une French connection. Evidemment, les gens n'y parlent pas plus anglais que chez Bumble & Bumble (une chaîne de salons assez chic où je rêve d'aller me faire faire des "highlights" - encore faut-il que j'accepte de troquer 150 $ contre une tête de new-yorkaise tacky). Je trouve que les Jean-Louis David sont plus élégants en France, c'est vous dire l'atmosphère de celui-ci. Chaque coiffeur dispose sur son espace de travail son diplôme d'Etat. Ca m'a paru un peu solennel pour l'occasion, mais peut-être sont-ils habitués à se faire menacer de procès pour une permanente ratée.
Avant de me faire passer au shampoing, on m'a demandé si je désirais juste une coupe ou aussi un "blow dry". J'ai vraiment était prise au dépourvu par cette question, et j'ai conclu que c'était l'équivalent de "brushing". J'ai donc bien sûr dit "non, surtout pas!". Je crois que c'est pour ça que la coiffeuse m'a laissée repartir dans les rues de New York les cheveux mouillés, complètement interloquée par ce traitement. Ca n'est pas la première fois qu'un coiffeur refuse de me sécher les cheveux (pour pas que ça gonfle trop) mais d'habitude on en discute! Grâce à cette restriction, je n'ai payé que 27$, ce qui est tout de même imbattable.

mardi 29 avril 2008

Top of the Rock vs. Empire State Building


Malgré la longue attente qui précède l'arrivée au sommet, j'avais beaucoup aimé l'Empire State Building pour son cachet Art Déco et la vue magnifique qu'il offre sur Manhattan. Mais maintenant, je recommande le Top of the Rock, son concurrent direct. Il s'agit de l'observatoire qui se trouve au sommet du Rockfeller Center sur la 5th ave. et la 53th rue. Alors que le sommet de l'Empire State Building est encombré de touristes et qu'il faut patienter pour avoir un petit coin de vue, de surcroît obstrué par une grille, le Top of the Rock est désert et une protection en verre permet de profiter de la vue plus intensément. En plus, parce que le sommet se présente comme un plateau, la vue y est panoramique, tandis qu'à l'Empire State Building elle se découpe en quatre côtés. Je reconnais volontiers que le débat est sans enjeux, et le mieux reste de faire les deux. Il n'y a rien de telle qu'une vue plongeante sur New York pour se rappeler qu'on est heureux d'y vivre.

Le Bronx mérite une escale


Le guide du routard recommande chaudement la visite du Bronx tout en précisant que les touristes français sont les seuls à oser s'y aventurer. Au début de l'année, alors que je planifiais cette visite, tous les élèves de Sarah Lawrence à qui j'en ai fait part m'ont déconseillée d'y aller. Il a fallu que je discute avec d'autres français et la collaboration enthousiasthe de Perrine pour que ce projet s'accomplisse. Nous voulions aller au Botanical Garden mais le temps de chercher l'entrée (que nous n'avons jamais trouvée), il était trop tard. De nombreuses familles rayonnantes quittaient le Zoo du Bronx, très réputé. Nous nous sommes alors dirigées vers Little Italy dans le Bronx, authentique quartier italien qui s'étend sur Belmont et Arturo Avenues (au contraire des des deux rues à touristes de Downtown). Nous avons mangé cher Mario's des aubergines à la sicilienne, du veau et des Manicotti - assez bon mais très lourd. En repartant chercher le métro à Fordham Road, la nuit tombant, nous avons marché au milieu d'une foule animée et absolument pas menaçante. Enfin pas plus que celle de Barbès, c'est vous dire. Je suppose qu'il y a effectivement des coupes-gorges dans le Bronx, mais tant qu'on s'en tient aux recommandations du routard c'est sans problème.

Vaisselle

Ce qui est vraiment désespérant dans ma coloc, c'est la cuisine. Imaginez 12 filles vivant ensemble, toutes plus paresseuses les unes que les autres: l'éviez déborde de vaisselle sale. Perrine a même assisté à l'arrivée d'insectes venant profiter du festin. Une de mes colocs a donc laissé une note il y a quelques jours promettant d'offrir de la pizza si la vaisselle sale disparaissait d'ici mardi. Le lendemain, elle avait diminué de moitié, et le surlendemain, je finissais de tout laver. Donc demain, pizza! Bien sûr, il n'est pas question de la manger ensemble, donc elle la laissera à notre disposition dans le frigo. Quelle drôle de belle mentalité américaine!

mercredi 16 avril 2008

Une conversation entre deux filles entendue en cours aujourd'hui:
- I have a friend who's visiting tomorrow. Oh my God, she's so Jewish!!
- Really?
- An I told her, you really have to meet Chantal, she's so Jewish!!

mercredi 9 avril 2008

Sleaze Week

Cette semaine à Sarah Lawrence se déroule un évènement emblématique de l'école, la "Sleaze Week" - comprendre semaine transgressive. Dimanche dernier il y avait un "porn-marathon", c'est à dire un visionnage en groupe d'un film porno "provovocative and female-positive". L'idée est de montrer une pornographie différente, en fait des films porno homosexuels. Ce soir, il y a le BDSM Workshop. Je n'ai aucune idée de ce que c'est, peut-être le BonDage SadoMasochistic Workshop? Je vais peut-être aller faire un tour pour élucider la question. Vendredi il y a un buffet aphrodisiaque et un spectacle de cabaret. Samedi il y a un HIV Workshop suivi du Deb Ball. Le Deb Ball est très polémique. Cela faisait deux ans qu'il était interdit par l'administration - trop de nudité et trop de comas éthyliques. Dimanche, pour se détendre, un cours de Sexy Yoga. Le but de cette semaine est de provoquer des discussions sur le Sida. C'est censé être hautement politique. Mais j'ai discuté avec plusieurs élèves qui ne comprennent pas pourquoi un débat sur le Sida et les comportements sexuels passe par la pornographie, l'exhubérance...

vendredi 4 avril 2008

College life

À 3h30 du matin cette nuit, je me réveille en sursaut. Une de mes colloc a jugé que c'était le bon moment pour lancer une fête improvisée, fondée sur l'appréciation partagée d'une musique techno-métal. D'abord conciliante, je tente de gérer ma crise intérieure en ayant recours à des bouchons d'oreilles. Mais rien à faire, la basse me semble encore plus violente alors que j'entends chaque rythme résonner à l'intérieur de ma tête. Donc j'y vais. Je tambourine comme une folle à sa porte. Enfin on m'ouvre. Je demande poliment s'ils peuvent baisser la musique. Mais comme au bout de 10 min rien n'a changé, j'y retourne et je dis "Vous arrêtez la musique où j'appelle la sécurité". Et ça a marché! Ils se sont tous barrés (bruyament). Voici l'histoire de mon insomnie du vendredi 4 avril, qui a commencé à 3h30.

jeudi 3 avril 2008

Les écureuils sont de retour

Avec le soleil, les écureuils, qui s'étaient fait plus discrets pendant l'hiver, sont de retour. Ils sont partouts, frétillants, jaillissants...dans les buissons, dans les allées. Je sursaute à tout moment alors qu'un écureuil tente la traversée de l'impossible sur un fil électrique au dessus de ma tête ou est pris en flagrant délit de fouille dans une poubelle. Ils sont vraiment mignons, même si d'après moi, ils tiennent plus du rat que de l'écureuil rouquin que nous connaissons.

samedi 29 mars 2008

Gender Neutral Bathrooms



Un dossier polémique à Sarah Lawrence: l'installation de toilettes sans genre, "Gender Neutral Bathrooms" (vous avez sans doute une meilleure traduction, n'hésitez pas à me la soumettre). Un club d'étudiants, appelé "Transaction", réclame l'installation de signes neutres pour certaines toilettes, car "a number of students'gender identities are not the same as their biological sex.", rappelle un magazine étudiant. L'admnistration du campus a accepté de prendre en compte les réclamations de Transaction, mais la mise à execution de ce projet tarde car elle n'arrive pas à trouver de signes adéquats. Les signes montrant à la fois un homme et une femme ne sont pas satisfaisants selon Transaction: ils ne sont pas "gender neutral". L'administration évoque la difficulté de trouver des machines pouvant fabriquer les signes de toilettes "sans genre". Elle a proposé un signe utilisé dans des pays scandinaves représentant une figure humaine assise sur des toilettes, lisant. Mais Transaction n'en veut pas car 1-la figure ressemble plus à un homme qu'à une femme. 2- on dirait un vieux. 3- quid des urinoirs?
Faut pas pousser Mémé dans les orties quand même.

Sainte-Anne-de-Beaupré


Le guide conseillait également de visiter la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, située à l'extérieur de la ville, sur la côte de Beaupré. Pour y aller autrement qu'en s'enrôlant dans un circuit organisé en bus assez coûteux, il faut prendre un bus local qui malheureusement ne passe que toutes les trois heures. Il s'agit en fait d'un immense lieu de pélerinage dans le genre de Lourdes. Le bâtiment, plusieurs fois détruit et reconstruit, date de 1923. S'il est assez majesteux et la décoration en mosaïques sur la vie de Sainte Anne assez séduisante, il n'y a pas de quoi plonger dans des abîmes de méditation religieuse pendant 3h. On aurait certes pu tuer le temps en visitant les attractions voisines: la chapelle commémorative, la Santa Scala, le Cyclorama de Jérusalem consacré à la vie de Jésus, le musée Edison du Phonographe. Il y avait aussi un horaire de messe qui collait bien. Mais nous nous sommes finalement réfugiés au McDo qui se trouve juste au pied de la basilique.

Les chutes de Montmorency


Un peu en dehors de Québec, on peut visiter les chutes de Montmorency, qui sont plus hautes ques les chutes du Niagara. Pour les atteindre, on s'est tapé un bon circuit en bus dans la banlieue de la ville, où se trouvent d'ailleurs de très belles maisons cachées par des murs de neige. Elles étaient plus gelées que sur la photo que j'ai trouvée. L'accès au pont promenade était fermé et complètement enneigé, mais nous y sommes allés quand même car nous n'avons pas prévu de revenir de sitôt dans cette naure hostile.

Québec




Je n'ai pas trop aimé Québec, ou du moins son centre historique. C'est un véritable piège à touristes. Ils sont menacés à chaque coin de rue d'acheter de l'art inuit, des bols bretons ou du sirop d'érable. L'architecture n'est pas si fameuse, et l'ensemble donne l'impression d'un mélange du centre-ville de Raon-L'Etape avec celui de Palais (Belle-Isle). Donc c'est joli mais pas de quoi se rouler par terre - si ce n'était la neige durcie en glace qui rend le sol très glissant.
J'ai tout de même bien aimé la visite du couvent des Ursulines, Soeur Clémence m'a trouvée un air de Marie de la Redemption, soeur fondatrice de l'institution à Québec.
Le Musée de la Civilisation est intéressant car son architecture moderne jure avec la nostalgie qui empreint le reste de la ville. J'y ai vu une exposition sur "le temps libre" où des bornes interactives m'ont enjoint de réfléchir à optimiser mon temps libre. Je me suis vue conseillée de laisser mes enfants choisir eux-mêmes leurs activités extra-scolaire et de me lancer dans des activités de bénévolat, où mon sens du défi pourrait trouver un accomplissement. Moi ça ne m'a pas plu du tout cette dégoulinade sur l'épanouissement personnel par la pratique du jardinage. J'y ai lu les dégâts causés par l'individualisme américain mélangé à la paresse française. Je rigole.

formel/ informel

Un petit air de déjà vu à Québec...le type à l'accueil de l'auberge de jeunesse est imbuvable...la boulangère a l'air mal luné...ah oui tiens, c'est la France. Autant les Québécois de Montréal sont cosmopolites, acueillants, brefs Américains, autant les Québécois de Québec sont ronchons et déprimés comme les Franaçais. Mais tous sont détendus, informels, comme les Américains. Mes manières de Française - qui se limitent pourtant à "excusez-moi", "s'il-vous-plaît" et "merci" - sont parfois très mal passées. Une dame en charge du vestiaire d'un musée m'a accablée de "povrr toi!" répétés sans discontinuer pendant 10 minutes, parce que j'expliquais vaguement pourquoi je n'avais pas mis mon écharpe (qui est très volumineuse) dans la manche de mon manteau. Et alors que je demandais à un chauffeur de bus s'il pouvait nous déposer à un arrêt qui n'existe pas, il ponctuait mes paroles de grognements animaux. Comme j'étais très destabilisée je m'arrêtais et me reprenais à chaque fois, et je n'ai eu droit qu'à une réponse à peine plus élaborée - "non".

jeudi 27 mars 2008

Montréal, le Mont Royal





Nous avons commencé la visite de Montréal par le Mont Royal, qui a donné son nom à la ville. C'est un lieu de promenade très agréable. On y rencontre plus de gens à skis qu'à pied. La vue sur Montréal est imprenable. Il y a aussi deux cimetières, et je vous offre en exclusivité la seule tombe visible à cette période de l'année.

Fenway, le quartier des musées





Fenway est un quartier résidentiel au sud ouest de la vielle. Les façades y sont harmonieuses et ordonnées, et le parc, The Fens, lui confère beaucoup d'agrèment. A cette période de l'année, les arbres sont entièrement dénudés et le gris du ciel donne un aspect très mélancolique à cette partie de la ville. C'est là que se trouvent le Museum of Fine Arts, que je n'ai pas eu l'occasion de visiter, et le Isabella Gardner Museum.
Isabella était une riche héritière new yorkaise ayant épousé un Bostonien appartenant au meilleur milieu (Boston est beaucoup plus collet-monté que New York). Elle l'entraîna dans de nombreux voyages durant lesquels ils commencèrent à collectionner des oeuvres d'art. Isabella fit construire cette immense demeure sur trois niveaux s'articulant autour d'un patio de style mauresque pour présenter sa collection. Ses goûts étaient très éclectiques. On peut y admirer de très beaux objets d'art chinois, des peintures occidentales et des autographes d'hommes et femmes célèbres (dont Marie-Antoinette). Isabella avait prévu que sa maison soit ouverte au public à sa mort à condition que la scénographie reste celle qu'elle avait conçue. D'où une organisation très intuitive, un peu bric-à-brac. L'entrée du musée est gratuite pour toutes les Isabelle, Isabella, Elisabeth...à bon entendeur...

Notre auberge de jeunesse à Boston, le Prescott International Hostel and Hotel, que j'ai détestée car le personnel m'a fait poireauter pour le check-in et qu'elle était trop excentrée.

Harvard





Nous avons commencé la visite de Boston par le campus d'Harvard dans la ville voisine de Cambridge. C'est un ensemble de bâtiments en briques de style anglais, assez monumentaux, qui s'organisent autour d'une pelouse centrale.
J'ai été alarmée par l'absence de style des étudiants, qui ne portent que des jeans, des sweats à capuche et des doudounes The North Face. J'ai alors compris pourquoi les étudiants du Sarah Lawrence College se sentent différents, avec leurs jeans slim, leurs manteaux à poils et autres accessoires. Leur anticonformisme ne m'avait pas frappé de prime abord car je débarquais de Paris et d'une fac d'histoire de l'art (réputée pour ses bonnets en poils de lama).
Harvard a généré un commerce assez juteux. À deux pas du campus s'étend Harvard Square, qui est en fait un centre commercial étalé sur plusieurs rues, où l'on retrouve toutes les marques habituelles comme Banana Republic ou Urban Outfitters, que fréquentent les étudiants comme les nombreux touristes. Plusieurs boutiques sont spécialisées dans la vente de vêtements et d'objets marqués du logo "Harvard". Elles connaissent un franc succès. Sterling, un de mes compagnons de voyage, était très surpris quand je lui ai dit qu'il n'y avait pas de boutique de ce genre à la Sorbonne, ce qu'il trouve déplorable. C'est peut-être une piste à suivre pour de nouveaux financements.
Flavia a suggéré de rejoindre Boston à pied pour profiter de la vue depuis Harvard Bridge. C'était en fait bien loin, et le froid a tellement engourdi nos esprits que nous nous sommes perdus dans une banlieue craignos où les passants nous lançaient des regards noirs. Pour rejoindre l'appartement de la soeur de Flavia qui habite près du parc The Fens, nous avons longé le campus de Boston University, tout en longueur. Boston est la ville des Etats-Unis qui abrite le plus d'universités.

Décès de mon appareil photo

Je reviens d'un voyage qui m'a conduite de Boston à Sherbrooke en passant par Montréal et Québec. Mais j'ai le regret d'annoncer que mon appareil photo est décédé au cours du voyage, et que je n'ai que très peu de photos.

dimanche 2 mars 2008





Une Arabic Party à Columbia University où j'ai pu briller grâce à mes techniques de belly dance...La preuve que je suis en bonne santé malgré l'abus de musées.

samedi 1 mars 2008

lundi 25 février 2008

La Fondation Barnes
















La Fondation Barnes est un musée fondé par un médecin entrepreneur fortuné issu des quartiers pauvres de Philadelphie. Très préoccupé par le progrès social et l'égalité entre les hommes quelque soit leur couleur de peau, Barnes a étudié la psychologie, la philosophie et l'art afin de formuler sa propre théorie de l'éducation. Il réduisit le temps de travail de ses ouvriers afin de leur permettre de participer à des groupes de discussion sur les oeuvres qu'il venait d'acquérir. Son désir de faire acceder tous les hommes à l'éducation sans discrimination conduisit à la création de sa fondation en 1922. Le philosophe John Dewey, un ami proche, fut le premier directeur des services éducatifs.
Le bâtiment, dessiné par l'architecte Paul Cret, est entouré d'un vaste arboretum qui sert aussi des visées éducatives. L'ensemble est situé à Merion, banlieue extrêmement aisée de Philadelphie. Sur le trajet entre la gare et la fondation se trouvent de magnifiques maisons en pierre, ainsi que quelques panneaux revendicatifs "The Barnes belongs to Merion". Pour visiter la fondation, il faut réserver son billet d'entrée en avance (soi-disant un mois, mais je l'ai acheté trois jours avant). Bien avant de gagner le musée, nous avons conscience d'arriver dans un endroit plutôt élitiste.
De fait, les autres visiteurs ne ressemblent en rien à la foule habituelle des musées. Plutôt âgés, bien habillés, une connivence semblent les lier. Ils viennent de Philadelphie, et ne sont pas des touristes. Leurs murmures feutrés me donnent l'impression d'être dans un cocktail mondain...et de fait, la platitude de leurs commentaires devant les oeuvres - "It's amazing!" - prouve que visiter la Fondation Barnes n'est pas motivé par un désir sincère de découverte, mais s'apparente à un signe extérieur de richesse. Devant un Soutine, une conférencière s'exclame bruyament devant un public passionné : "Devinez combien Barnes l'a payé? 25$!!".
La Fondation est un ensemble très eclectique. La salle principale donne le ton: une fresque de Matisse (la Danse) s'étale sur les arcades du mur du fond. Ses bleus, roses et noirs et son trait très moderne jurent avec les Renoir ringards qui reviennent comme un leitmotiv dans chaque salle du musée. La présentation actuelle des oeuvres est tellement surprenante qu'elle reflète sans doute les ultimes désirs de Barnes. Les tableaux sont présentés sans logique apparente, en même temps que de nombreux coffres en bois peints, des chaises rustiques très banales, et des objets de ferronerie - dont une pince à bétel mystérieusement accrochée parmi des Matisse et des serrures médiévales. Cet accrochage reflète la volonté de Barnes de supprimer la frontière entre art populaire et art savant. La les salles d'exposition comme la librairie sont dénués de texte, donc nous n'en saurons pas plus (pour le moment).

dimanche 24 février 2008

Exposition Frida Kahlo à Philadelphie






Au Musée de Philadelphie est présentée en ce moment une exposition sur Frida Kahlo, qui voyage depuis le Walker Art Center de Minneapolis. On y voit des peintures, des photographies de l'artiste et de son entourage ainsi que des objets aztèques ayant appartenus à Kahlo. Le parti pris est chronologique, et quelques panneaux explicatifs informent le visiteur de la tranche biographique à laquelle rattacher tel ensemble de peintures. L'audio-guide est scandaleusement mauvais, n'analysant les oeuvres qu'à l'aide de quelques éléments biographiques et psychologiques - son désir d'enfant, les trahisons de Diego Rivera, la rencontre avec Breton, ses souffrances physiques...Donc une exposition vraiment pas décoiffante, apparemment destinée à un public pas très curieux. Je dirais que la salle la plus intéressante de l'expo est le "gift shop". On y trouve tout: les bijoux et les robes de Frida, des cartes postales hologrammes, des tissus mexicains, des porte-clefs têtes de mort, des posters, bref des gadgets en nombre infini. Très chers. Pas beaucoup de livres. Je n'ai pas eu le droit de prendre de photos.

Philadelphia Museum of Art






Le Musée d'art de Philadelphie se trouve dans un grand complexe de massifs bâtiments néo-classiques. La frise de style grecque qui orne le bâtiment annexe, en relief et en couleurs, est d'un kisth dément. Le musée présente des collections qui s'étendent de l'antiquité à l'art moderne, sans limites géographiques.
Au rez-de-chaussée se trouve l'aile américaine qui présente un mic-mac de meubles de style Louis XV de seconde main, des ustensiles de cuisine, des peintures un peu maladroites des riches notables du XVIIe siècle de la côte Est, et celle célébrant le passé de Philly - ville de la liberté où fut signé la déclaration d'indépendance. Elle voisine l'aile consacrée à l'art moderne, dont à mon avis les pièces les plus extraordinaires sont celles de Marcel Duchamp, exposées dans la galerie Boulton Stroud/ Rrose Sélavy (la double féminin de l'artiste - Eros c'est la vie). On y voit les deux oeuvres dont les artistes contemporains reconnaissent l'influence, Le Grand Verre et Etant Donnés. Le Grand Verre consiste en deux grandes plaques de verre entre lesquelles se trouvent des figures en vitrail représentant des mécanismes mystérieux ou encore "La mariée mise à nue par les célibataires, même" (d'après le sous-titre de l'oeuvre). Oeuvre énigmatique s'il en est, qui ne va pas sans sa valise de manuscrits explicatifs édités par Duchamp en tirage limité. Etant Donnés est un dispositif de voyeur. Le visiteur est invité à s'approcher d'une grosse porte en bois rustique. A travers deux trous, il distingue le corps - mort? - d'une jeune femme se tenant nue, étendue, les jambes écartées. A l'arrière plan, un mécanisme anime des fontaines riantes. J'avais beaucoup lu sur cette oeuvre mais je ne soupçonnais pas sa grande violence. J'ai aussi aimé les décores muraux de Sol Le Witt, qui redonnent sens à une architecture un peu ratée, et la salle dédiée aux peintures de l'Odyssée de Cy Twombly. A l'étage, la collection d'oeuvres européennes anciennes et d'art asiatique m'a scotchée. On y trouve un cloître roman (enlevé de France et reconstruit, selon la même stratégie que les Cloisters), des linteaux sculptés, des plafonds Renaissance, des cheminées, l'intérieur d'une salle de l'hôtel de Lauzun reconstituée, un salon dessiné par Robert Adam pour un intérieur anglais...Le tout intégré le plus harmonieusement possible aux galeries du musée. Mais un oeil européen ne peut s'empêcher de trouver l'effet un peu grotesque, et de méditer sur le dénuement culturel dans lequel se sentent les Américains, ainsi que sur les miracles accomplis par l'argent. Cependant, j'étais complètement baba devant les temples indiens et chinois présentés au même étage. Ce sont quand même des moyens de connaître physiquement des civilisations disparues ou lointaines, et j'admire l'extravagance toute américaine le musée de Philadelphie remplit sa mission éducative.

Tragedy at Northern Illinois University



Depuis ma fenêtre, je vois le drapeau américain en berne devant le bâtiment administratif de l'université. La présidente de l'université, Karen Lawrence, en a décidé ainsi pour rendre hommage aux victimes de la tuerie de l'université de l'Illinois du Nord. Elle lui a également envoyé ses condoléances au nom de l'université, et mis en place un soutien d'aide psychologique pour les étudiants de Sarah Lawrence (accessible uniquement sur rdv le mardi et vendredi entre 14h et 15h30...). Dans un mail, elle rappelle qu'après l'accident de Virginia Tech, Sarah Lawrence a revu ses procédures de sécurité. Elle recommande de s'inscire dans le fichier pour être prévenu en cas d'alerte. Comme je suis un alien ici, je n'arrive pas à m'inscrire dans le système. Je suis pourtant préoccupée, et plus que jamais abasourdie par les droits et restrictions imposées aux jeunes Américains: pas le droit de boire de l'alcool avant 21 ans (dans la plupart des Etats), ce qui génère des excès délirants; en conséquence, le droit de conduire à partir de 16 ans, et je peux vous dire que tous conduisent extrêmement mal; le droit de se posséder une arme à feu sans aucune restriction, en vertu du deuxième amendement de la Constitution. Et tous ces étudiants abandonnés dans des campus perdus dans les vastes plaines des Etats-Unis doivent faire avec ces interdictions et libertés contradictoires...

dimanche 17 février 2008

Le Studio Museum à Harlem

Le Studio Museum fut crée en 1968 par un consortium de conservateurs du Museum of Modern Art et de critiques de journaux spécialisés pour répondre aux protestations contre le manque de visibilité d'artistes noirs dans les grands musées. Il fut conçu non pas comme un satellite des grands musées mais comme une entité indépendante implantée dans Harlem, destinée à soutenir les artistes de la communauté noire grâce à un programme de résidence d'artiste, et à proposer un programmes susceptible d'intéresser les habitants du quartier. A son ouverture, il fut reproché au Studio Museum d'adopter un modèle calqué sur les établissements "blancs". Au fur et à mesure des années, le musée est devenu une institution tournée vers la recherche. La mission actuelle du musée s'exprime en ces termes "The Studio Museum in Harlem is the nexus for black artists locally, nationally, and internationally, and for work that has been inspired by black culture. It is a site for the dynamic exchange of ideas about art and society."
Le Studio Museum occupe ajourd'hui un espace à l'aspect très neuf sur la 125th st. L'entrée est entièrement vitrée et le design d'ensemble, moderne et sobre, offre un aspect qui contraste étrangement avec l'activité de la rue et l'atmosphère générale du quartier. Les rares visiteurs ne viennent pas en voisin. Ce sont plutôt des jeunes gens apparement habitués des expositions.
Pour cause de travaux de réaménagement, peu d'expositions sont en cours actuellement.
Dans l'entrée se trouve une oeuvre de Glenn Ligon qui monumentalise le poème de Mohammed Ali, "Me, we". L'installation reprend à son compte la signification du poème, qui lie indissociablement l'identité à la communauté. Mais les lettres en néon blanc qui clignotent sur fond noir soulignent la fragile existence de l'identité noire dans ses rapports avec la société blanche.
La galerie principale est dédiée à une exposition sur l'oeuvre de Kori Newkirk. Cet artiste noir crée des oeuvres très délicates à partir de matériaux modestes mais significatifs de la culture afro-américaine: des paniers de basket, des cheveux synthétiques, des perles pour cheveux. Deux paniers de basket tissés ensemble créent un long passage sans issu. Des tentures de perles et de rajouts fonctionnent comme des peintures murales où se découpent les silhouettes de figures noires au visage indistinct. L'artiste se met en scène dans des photographies où il cherche à mettre en évidence le contraste entre des éléments blancs - la neige par exemple - et sa nudité. Kori Newkirk utilise plusieurs stratégies qui soulignent les incertitudes de la beauté et de la culture noire.
La programmation est intéressante mais l'espace est petit et mal exploité. Il en résulte une impression d'inachevé qui je suppose est due aux travaux. En outre, autant le Museo del Barrio paraît fonctionner en harmonie avec la communauté latino de Spanish Harlem, autant le Studio Museum paraît un alien qui intéresse peu les passants de la 125th St.

samedi 16 février 2008

Candle Café



Un restaurant végétarien de l'Upper East Side situé au croisement de la 3e ave. et de la 75e rue, le Candle Café est apparement connu et apprecié au vu des nombreux clients qui ne cessent d'arriver au cours de la soirée et qui n'hésitent pas à attendre de longues minutes. J'y suis allée en compagnie de Mokie, Chloé et Flavia, avec la ferme intention de bien manger en prenant mon temps. C'était compter sans les habitudes américaines. Nous sommes restées une heure à table, pour un plat et un dessert. Cela ne paraît pas indécent, mais les serveuses ne savaient plus quels stratagèmes déployer pour nous faire partir. Les clients attendant au bar nous décochaient des regards noirs. Car les Américains n'ont pas comme les Français cette habitude de traîner ensemble autour d'un repas et d'un verre de vin. Ils mangent: en travaillant, en marchant, rarement assis...
La nourriture était assez bonne mais j'ai eu tout faux en commandant un vegie burger, sec, sans intérêt. J'ai voulu surmonter cette défaite en achevant par un smoothie au peanut butter, blueberries, banana, vanilla soy ice cream, milk rice (rien que ça). Le peanut butter donne un arrière goût étrangement piquant aux smoothies, et c'est ainsi préparé que je le préfère. Mais j'ai finalement regretté de n'avoir pas choisi une part géante de carrot cake.

jeudi 14 février 2008

Happy Valentine's Day



Voilà ce que j'ai trouvé sur ma porte ce matin: un mot doux de mon R.A. Jessica en l'honneur de la Saint Valentin.
Un R.A. est un étudiant employé par l'université. Il est chargé de la vie étudiante dans un ensemble d'habitation sur le campus. Il s'occupe d'organiser des évènements mais se charge aussi les problèmes émotionnels et matériels.
Aux Etats-Unis, on nous rabat les oreilles très péniblement avec la Saint Valentin. C'est avant tout, comme en France, un évènement commercial. Mais les Américains, avec leurs bons sentiments, leur morale, leur vie de campus et leurs idéaux matrimoniaux, investissent cette célébration bien plus sincèrement que nous. Je crois qu'ils vont vraiment fêter ça se soir et j'ai intérêt à me terrer dans une salle de cinéma ou de théâtre si je veux en sortir indemne.

lundi 11 février 2008

Perkins



Perkins est le le nom de ma nouvelle maison, jaune, plate et coquette.

samedi 9 février 2008

Ma nouvelle chambre




Au début de l'année, je me suis vue attribuer une chambre minuscule, à l'unique fenêtre encore plus minuscule, située au bord de l'autoroute. Les lecteurs les plus assidus se souviendront de ma découvenue et des souffrances à venir. J'avais demandé à changer de chambre dès les premiers jours d'octobre, mais c'est seulement lundi dernier que j'ai reçu un email de la responsable du "student housing", m'informant qu'elle avait plusieurs propositions de chambres à me faire. Le délai donne un aperçu de la crise du logement étudiant au Sarah Lawrence College, qui existe aussi sur beaucoup d'autres campus américains si j'en crois les rumeurs.
Il existe à Sarah Lawrence ce qu'on appelle les "new dorms", où les étudiants partagent de minuscules chambres à trois et n'ont pas de cuisine. L'alarme incendie se déclenche trois fois par semaine. Les demandes de changement de chambre mettent des mois à aboutir. Et l'étudiant n'a pas le droit de voir les chambres qu'on lui propose, il peut juste discuter avec ses futurs colocataires!
Je m'estime donc heureuse d'avoir découvert cette chambre aux larges fenêtres donnant sur le campus. Le voisinage est beaucoup plus calme que celui de mon ancienne demeure, et les volets beaucoup plus épais. Je dors beaucoup mieux. Elle se trouve dans une petite maison jaune que je partage avec douze Américaines. Alors qu'une femme de ménage passe apparemment plusieurs fois par semaine, il règne une grande saleté. C'est que ces demoiselles ne savent pas se servir d'une éponge. On touche ici du doigt les lacunes du système universitaire américain.
Les photos suivront.